Je l’observe donc.
Il me voit également.
Peut être juste faut-t-il
l'apprivoiser ce primate...
Pas d’une manière physique l’image n’est pas claire et je ne
vois plus le singe. Mais je le perçois. Je sais qu’il est là.
Peut être en essayant de le
comprendre?
Il y a eu des « sauts » des moments ou étrangement
ce n’était pas mon être raisonné qui tenait la barre. Ce n’était plus la
personne capable de se mettre en retrait. Non, j’agissais d’instinct, sans
calcul. Lorsque je jetait un œil à ces moment je vis le singe à ma place et moi
à la sienne.
Et peu à peu nous fusionnons. Ou pour
être plus précis, mon moi se mets en retrait et le singe prend le contrôle le
plus simplement du monde de ce corps que j’ai toujours cru à moi.
Comment est pourquoi est-il
apparu?
De la naissance d'un nouveau besoin? Ou d'un manque?
Ou bien à-t-il toujours été présent, mais il s'était fait plus discret jusqu'à
présent...
Alors je sais ce qu’il veut, je ne sais pas exactement d’où
il vient, mais je sais qu’il ne veut que vivre. Ses seuls désirs se résument à
vouloir vivre et accepter le monde comme tel qu’il est.
Je le laisse toucher au clavier, écrire.
Je l’apprivoise petit à petit.
Je tente.
De temps en
temps les choses dérapent. Le control échappe à mon corps, je m’entends dire
des choses que je n’aurais jamais prononcées sauf dans certaines circonstances.
Il parle et n’hésite pas. Le monde est pour lui clair et limpide. Il est ma
volonté forte d’avancer, mes désirs simples, et pour lui le sens de la vie
n’est pas une question fondamentale.
Moi aussi il m'interpelle,
j'aurais envie de savoir que veut dire sont regard noir... plonge toi dans ses
yeux et essaye de décrypter...
Il avance
sans question. Cela me perturbe, mais cela fait combien de temps que je
m’astreins de vivre sans relâcher le contrôle ? Que je m’absente dès que
le risque apparaît et n’ose me mettre en avant que de manière discrète ?
Voilà où cela me mène, je suis de retour aux grandes questions de
l’adolescence, symbolisé sous forme de singe. Et avec mon expérience la plus
sincère, mes connaissances, plutôt maigre, je sais aujourd’hui quelle est la
route à prendre. Et surtout je sais très bien qu’il ne m’appartient pas de
savoir si cette route est la bonne. Peu importe, il faut que je la prenne, il
faut que j’avance.
Lorsque l’on conduit, c’est l’hésitation qui tue.
Lorsque l’on vie, c’est l’hésitation qui amène aux regrets
et à l’errance.
Mais vais-je devenir un singe ?
Voilà que j’hésite de nouveau, peut être ce singe ne devait
pas être montré. Il est possible aussi que cela déstabilise mon équilibre. Que
la question ne devait pas être posée et surtout pas dévoilée. Seulement il me
faut l’avoir ce singe.
Je dormirai ce soir dans la clairière, et pour le plaisir
des belles phrases je lui tournerai quelques questions sous forme de poèmes.
Que le jour se lève et que l’aurore nous embrase !